Espérance de vie en santé, prévention et accompagnement des fragilités sociales, couple aidant-aidé, accompagnement du parcours de vie… sont autant de sujets au cœur des préoccupations de notre groupe de protection sociale.
Serge Da Mariana, Directeur Général du Groupe IRCEM, nous en dit plus dans l’entretien qu’il a mené avec la revue « Servir » de l’Institut National du Service Public (ex ENA).
Qui est le Groupe IRCEM ?
Le Groupe IRCEM est un groupe professionnel de protection sociale créé en 1973 (association à gestion paritaire et à but non lucratif) pour gérer initialement la retraite complémentaire, puis le régime de prévoyance obligatoire des salariés du particulier employeur et des assistants maternels. Nous accompagnons près de 5 millions de personnes, les salariés employés par un particulier employeur (aide à domicile, auxiliaire de vie..), les particuliers employeurs et les retraités du secteur de l’emploi à domicile.
Nos deux grands métiers historiques nous permettent d’avoir une vision à 360° du parcours de vie de l’individu, ce qui nous a amené à développer nos domaines d’interventions, pour mieux les accompagner (accompagnement et soutien social, prévention, prévoyance complémentaire, innovation sociale)
Au cœur de vos actions, on retrouve les notions de prévention et d’accompagnement social. Pourquoi ces questions sont-elles aujourd’hui essentielles dans notre société ?
L’importance centrale de la prévention dans notre société fait aujourd’hui l’unanimité. De nombreux rapports ont, par ailleurs, souligné la criticité de cet enjeu. On peut notamment citer le rapport du HCAAM du HSCP ou encore celui de Dominique Libault dans le cadre du projet de Loi Grand Âge.
Il n’est aujourd’hui plus possible de nous satisfaire d’une longévité importante quand l’espérance de vie en bonne santé est dégradée. On sait aujourd’hui qu’une prévention précoce permet de maintenir son capital santé, d’autant que certaines fragilités sont réversibles. Nous sommes très concernés par cet enjeu, puisque les salariés intervenant au domicile des personnes, sont particulièrement exposés aux accidents du travail et aux maladies professionnelles. Nous menons aujourd’hui, une politique de prévention primaire pour permettre à tous une acculturation aux déterminants de la santé, des actions très ciblées pour nos publics salariés en prévention des risques professionnels et travaillons pour les publics plus âgés, sur la contribution au vieillissement en santé, dans l’idée, comme le souligne la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé, de leur permettre de continuer à faire ce qui est important pour eux en vieillissant.
Nous contribuons également au financement des Centres de Prévention Agirc-Arrco, qui sont présents partout en France et qui sont dédiés au « Bien Vieillir permettant dès 50 ans, d’effectuer un bilan de santé complet pour dépister au plus tôt les maladies pouvant causer des risques d’accident ou d’incapacité.
En notre qualité de groupe de protection sociale, notre savoir-faire nous permet d’aller plus loin dans l’accompagnement de notre public en prenant en compte leur trajectoire de vie et les moments de rupture. Dans ce cadre, nous raisonnons en termes de « parcours solidaire » au travers de notre action sociale qui prend notamment la forme d’actions préventives globales menées par des équipes spécialisées qui vont chercher à identifier les situations dites de « fragilité » tout au long du parcours de vie (stress, surcharge de travail, perte d’un proche, accident, difficultés familiales, maladie, handicap, hospitalisation, situation d’aidance…).
Cette démarche permet de poser un diagnostic global des besoins, de proposer un accompagnement dédié, mais aussi de faire le lien avec les dispositifs externes locaux, régionaux et nationaux qui sont très souvent méconnus du grand public. En effet, en matière de grand âge, nos conseillers relayent régulièrement les dispositifs publics existants et valorisent les structures de coordination gérontologique pour accompagner le couple aidant-aidé.
Justement, dans un contexte démographique marqué par le vieillissement de la population, de plus en plus de seniors souhaitent rester à domicile ce qui soulève, par ailleurs, la question des aidants. Qu’observez-vous ? Comment appréhendez-vous cette question ?
Aujourd’hui, si 90 % des personnes de plus de 75 ans peuvent rester chez elles jusqu’à la fin de leur vie, c’est essentiellement grâce à leurs familles et à leurs proches. Nos salariés du particulier employeur, qui sont par l’essence de leur métier des aidants professionnels, sont également, dans une proportion significative, des aidants à titre personnel. Cela les surexpose à des situations d’épuisement physique et mental, mais aussi à des problématiques fi nancières. Très souvent, ces derniers ne connaissent pas les dispositifs qui existent pour les accompagner dans ce rôle pivot.
Forts de ce constat et en cohérence avec notre engagement sociétal, nous avons développé une approche bicéphale pour accompagner l’aidé en perte d’autonomie, mais également l’aidant par le biais d’actions de formation, de prévention, de soutien psychologique, et une off re d’aide au répit. Cet engagement sociétal du groupe se concrétise aussi via le soutien de la Fondation du Domicile du Secteur des Emplois de la Famille dont la vocation est de repenser le domicile d’aujourd’hui et de demain, en menant des études sur les nouveaux rôles et usages, et de soutenir des initiatives innovantes qui engagent le domicile, par le biais d’appels à projets.
Et pour conclure, quelles pistes de réflexion pourriez-vous partager avec nos lecteurs ?
À l’horizon 2030, pour la première fois dans l’histoire démographique de la France, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 20 ans. Cette donnée démographique vient renforcer tous les enjeux relatifs à l’augmentation de l’espérance de vie en bonne santé, à l’accompagnement holistique de la personne, mais aussi des aidants qui représenteront un salarié sur quatre selon les chiffres publiés par la DRESS.
À mon sens, il y a également un prérequis qui nous concerne tous : faire évoluer le regard porté sur le vieillissement, qui reste une chance. Il nous faut sortir d’une vision médico-sociale et aller vers une vision multidimensionnelle des besoins de la personne. Pour ce faire, il faut promouvoir une démarche inclusive et pleinement respectueuse de la personne.
L’accompagnement de la transition démographique, doit pouvoir s’appuyer sur la co-construction entre les acteurs de compétences, comme l’IRCEM, et ceux venant d’horizons différents. Nous avons une vision complète des publics que nous protégeons, et pouvons contribuer aux dispositifs existants en France, en capitalisant sur nos retours d’expériences pour agir en pleine complémentarité des politiques publiques.